GYGES. Sujet tiré d'Hérodote
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GYGES

Sujet tiré d'Hérodote
par COLLIGNON Bernard
(Camemberts, prêt-à-porter)


Drame en cinq actes:

PERSONNAGES :

CANDAULE -roi de Lydie
TYDO -Reine de Lydie
GYGES -favori du roi, conseiller de la reine
XIPHOS -conspirateur, ami de Gygès
LYGDAMIS, servante de Tydo
COURTISANS
N°1 : Scatophagos
N°2 : Phallokratès
N°3 : Pompathyphus
N°4 : Trichomonas
ELBATES, ennemi mortel de Gygès.

ACTE PREMIER
La scène représente, côté jardin, un portique d'où descendent trois marches. Un plan incliné, large, figure une rampe de faible hauteur, terminée par une pierre angulaire.
Au début de la scène, XIPHOS et GYGES jouent aux échecs sur cette pierre d'angle.

SCENE PREMIERE -XIPHOS, GYGES.
Gyges va déplacer une pièce.
Xiphos l'arrête d'un geste:
-Non pas ça ; sinon tu perds un cavalier.
(Gyges hésite un instant, remet sa pièce en place).
XIPHOS
Pourquoi n'avances-tu pas ce fou? Vois! Tu prends ma reine, et je suis presque mat. (1)
GYGES
Ah non! Pas du tout! Aussitôt après, tu descends la tour et c'est moi qui suis mat.
(silence concentré. A lui même :) Dois-je déplacer ce cavalier? Hein?
XIPHOS
Hmmm...
GYGES
(avec résolution) :
Je le déplace ...
(silence. Xiphos avance la main)
Ah non! Non! je le laisse où il est.
(Il replace le cavalier)
Et pourtant ...
(Xiphos montre des signes d'impatience.Gyges reprend le cavalier, le laisse en suspens, puis le repose.)
(Pris d'une illumination subite)
Tiens! .j'avance le fous, je prends la reine, et ton roi est presque mat!
XIPHOS
Mais si je descends ma tour?
GYGES
Pas du tout! Où vas-tu chercher cela?
(Il joue)
Je prends la reine...
(Il répète, en regardant Xiphos avec insistance)
Je prends la reine ...
(Xiphos déplace une pièce avec fatalisme.) (1)
...et le roi est mat.
(Hilare)
Le roi est mat! avoue que tu ne t'y attendais pas?
XIPHOS
Mon esprit est tourné ailleurs ...
GYGES
(l'interromp)
Moi, je suis toujours tout à ce que je fais...
XIPHOS
Je songeais à notre affaire ...Ne devrions-nous pas soudoyer Ogdoas ?
GYGES
Ce sac à vin, ce démagogue? Il gâcherait tout. Qu'il reste où il est.
XYPHOS
Ogdoas, c'est le peuple, et toute la garnison. Il a trente mille hommes, à nous tout dévoués.
GYGES
A toi, oui...
XIPHOS
(se lève solennel)
Que le ciel... GYGES
C'est plutôt à lui de tenir de tels serments.
XIPHOS
Le roi se l'est attaché à coups de millions. Mais...
(il se penche, jette un regard circulaire)
si tu lui donnes le gouvernement de Bithynie (2), il te suivra, toi.
GYGES
Et ensuite, comment se débarrasser de lui? ...Et puis il est énorme. Il marche comme ça.
(Gyges se lève et l'imite grotesquement)
XIPHOS
Tu es trop seul Gygès. Tu ne connais pas la cour. Malgré ce que tu crois, tu te trouves aussi isolé que le jour de ton arrivée.
GYGES
Je gagnerai le peuple. J'octroierai vingt talents par tête.
XYPHOS
Comment! Vingt talents! Où les prendras-tu?
GYGES
Dix, alors. Mais sera-ce suffisant?
XYPHOS
Je pense bien!
GYGES
Ne vaudrait-il pas mieux quinze talents?
XYPHOS
Et la garnison, comment la gagneras-tu? Tout le trésor n'y suffirait pas. Si tu commences comme ça, tu ne pourras plus t'arrêter.
GYGES
Laisse-moi réfléchir ...J'ai une idée: soudoyons Ogdoas.
Je lui offre les revenus de Bithynie, car si nous le tenions à l'écart du complot,...
(geste circulaire)
il ameuterait le peuple contre nous.
XYPHOS
Mais comment te débarraser de lui, ensuite? Et puis il est énorme! Et il marche ...
GYGES
(l'interromp)
Quand cesseras-tu de me contrarier?
Qui commande à la fin
XYPHOS
(effrayé)
Chut. ..Chut...
GYGES
Nous pouvons agir dès demain.
XYPHOS
Demain, soit. Je t'apporte mille hommes et toute la cavalerie.
GYGES
(se ravisant)
Attends ...Ne pourrions-nous repousser cette échéance?
(Xyphos reste dans l'expectative)
Et puis non ...Demain... soir... va avertir Ogdoas.
(Xiphos va pour se retirer, quand apparaissent le ROI et sa suite.)

SCENE II -GYGES, XYPHOS, LE ROI, SUITE.
Le roi est couvert de bagues et de bijoux. Il porte une longue robe à l'orientale. Autour de lui, quatre courtisans. Il descend majestueusement les marches. Devant lui, COURTISAN N°l (SCATOPHAGOS), balaie la poussière d'une main la recueille de l'autre et l'avale, avec empressement. A côté du ROI, COURTISAN N°2 (PHALOKRATES) , agité de tics, avec des gestes précieux, époussète sans cesse le vêtement du ROI et le rajuste. Derrière COURTISANS N°3 et 4 (POMPATYPHUS et TRICHONOMAS) se poussent pour être le plus possible en contact avec le ROI. Ils sourient et multiplient les courbettes quand le ROI les regarde, mais dès qu'il détourne les yeux, s'envoie des regards furibonds, se marchent sur les pieds, se donnent des coups de coude, se bousculent, se pincent, etc. Le N°3 (POMPATYPHUS) devra imiter ou esquisser tous les gestes du ROI, essayant même de les anticiper, se trompant quelquefois. Le N°4(TRICHOMONAS) essaie de voir ce qui va sortir de sa bouche, empressé, l'oreille tendue, et se retourne vers les autres en approuvant frénétiquement de la tête.
(Ce jeu doit se poursuivre pendant toute la scène, sauf indications contraires.)
LE ROI CANDAULE
(écartant les bras -COURTISAN N°3 POMPATYPHUS, même jeu)
Ah, Xiphos, et toi, Gygès, que je suis aise (3) de vous voir en ce lieu.
N°4 (TRICHOMONAS)
en écho
...en ce lieu.
N°3 (POMPATYPHUS)
Oh oui alors!
N°l (SCATOPHAGOS)
Toujours à quatre pattes, agite frénétiquement la tête. Xiphos s'incline profondément, Gygès légèrement en gar dant toute sa dignité.
XIPHOS
Majesté ...
GYGES
Divinité ...
(N°l, (SCATOPHAGOS), regarde Gygès d'un air courroucé parce qu'il ne s'incline pas suffisamment).
CANDAULE
(Il distribue un sourire à celui-ci, une caresse à celuilà, se laisse toucher, mais d'un air parfaitementdétaché)
Tous conviennent ici que, de dépit, les géraniums se flétrissent aux pieds de la Reine...
N°l (TRICHOMONAS)
De la Reine ...
TOUS
C'est juste, Sire ...Aphrodite elle-même ...Hélène ... Europe(4)
...Narcisse (5) ...
GYGES
Nous en convenons aussi, Divinité. Nous en parlions justement.
TOUS
Aaaah ...Aaaah ...
(mines diverses de contentement. LeN°I (SCATOPHAGOS) doit outrer tous les mouvements des autres.)
CANDAULE
Eh bien, que dites-vous?
N°4 (POMPATYPHUS)
...vous?
(Airs interrogatifs de tous,
N°1 (SCATOPHAGOS) soupçonneux et prêt à sauter sur Xiphos et Gygès;
le N°2 (PHALLOKRATES) suspend son époussetage.)
XIPHOS et GYGES
(extatiques)
Ah, Divinité ...
XIPHOS
(seul)
Cythérée (6) en personne ...
(Les visages se détendent).
N°3 (POMPATYPHUS)
envoie des baisers à Gygès.
N°1 (SCATOPHAGOS)
(baise ses pieds et re vient à quatre pattes aux pieds du ROI CANDAULE)
N°3 (POMPATYPHUS)
Ce regard, Divinité ...
N°1 (SCATOPHAGOS)
(désigne ses yeux, écarquillés.)
N°4 (TRICHOMONAS)
(en écho)
Ah, ce regard ...
(xiphos porte la main à ses yeux)
N°2 (PHALLOKRATES)
Et sa chevelure?
(aux autres, autoritaire) :
Vous avez vu ses cheveux?
N°4 (POMPATYPHUS)
(en écho)
...ses cheveux?
((N°1 (SCATOPHAGOS)
mime une haute coiffure très compliquée, ou imite une coquette se peignant.)
N°3 (POMPATYPHUS)
(d'un ton pâmé)
Sur ses lèvres embaumées ...
N°2 ( PHALLOKRATES)
(mime une coquette se mettant du rouge, Gygès assez gêné,)
N°1 (SCATOPHAGOS)
(envoie sur leROI CANDAULE un nuage de poudre parfumée.)
CANDAULE
A toute heure, pour moi seul, ces joyaux: ne suis-je pas le plus favorisé du royaume?
TOUS
(enthousiastes) :
Oh si ! si Majesté, si Sire ...
N°4 (TRICHOMONAS)
Sissire, sissire, sissire ...
N°1 (SCATOPHAGOS)
(manque de se décrocher la tête.)
N°3 (POMPATYPHUS)
...du monde, Sire...
N°2 (PHALLOKRATES)
...de toute la terre entière, Sire ...
N°1 (SCATOPHAGOS)
Et de la lune...
CANDAULE
(au N°3) (POMPATYPHUS)
En tout cas, on n'entend pas ses seins grelotter sur ses cuisses, comme la tienne ...
(Tous rient.)
N°3 (POMPATYPHUS)
(la main sur la poitrine)
Mais, Divinité ...
(Il rit très jaune)
CANDAULE
(au N°4 TRICHOMONAS)
Ni cette verrue si mal placée.
N°4 (TRICHOMONAS)
(cesse de rire d'un coup)
Mais ...mais ...
N°3(POMPATYPHUS)
(explose de rire.)
CANDAULE
(au N°2 PHALLOKRATES) Et ta Myrto, Phallokratès, regrette-t-elle toujours sa toison occipitale? N°2 (PHALLOKRATES) (rit très jaune)
Candaule reprend son air faussement rêveur)
Et ses pyges ? Vous avez vu ses pyges ?
N°l (SCATOPHAGOS)
(à quatre pattes, à Xiphos et Gygès)
Ca vient du grec, ça ...
TOUS
(presque en même temps)
Ses... ah oui ! ses py ...parfaitement !
N°3 (POMPATYPHUS)
Ah oui, ses pyges !
N°2 (PHALLOKRATES)
(admiratif, mais méfiant)
Mon Dieu ! Mon Dieu !
CANDAULE
(soudain sévère):
Et qu'en savez-vous, pour parler ainsi des fesses de la Reine?
TOUS
N°2 (PHALLOKRATES)
(envoyant au ROI des nuages de poudre que celui-ci tente d'éviter),
presque en même temps, mais distinctement:
N°2 (PHALLOKRATES)
Nous supposions, Sire ...
N°3 (POMPATYPHUS)
On vous croit sur parole!
N°4 (TRICHOMONAS)
On ne demande pas à vérifier.
N°3 (POMPATYPHUS)
Mais vous disiez ...
N°1 (SACTOPHAGOS)
On supposait ...
(geste équivoque, évoquant la mise en place d'un suppositoire. Le ROI lui botte les fesses, il court à quatre pat tes gémir d'un air lamentable devant la scène (9) Il re viendra peu après.)
CANDAULE
Donc,Messieurs-dames, concluons: quel miracle la nature a-t-elle suscité, pour éclairer nos faibles Yeux sur le Beau Immortel?
TOUS
(moins Xiphos et Gygès)
La Reine!
CANDAULE
(au N°4 TRICHOMONAS)
Pourquoi as-tu dit "La Reine" après les autres?
(N°4 (TRICHOMONAS) balbutie. N°3 (POMPATYPHUS) le fusille du regard. N°1 (SCATOPHAGOS) rigole doucement. N°2(PHALLOKRATES) le dévisage d'un air méprisant. Le ROI se retourne brusquement vers N°1 (SCATOPHAGOS) qui abaisse rapidement les coins de sa bouche).
Passons pour cette fois. (à tous) Et quelle femme, mortelle ou immortelle, peut soutenir l'éclat de ses perfections
TOUS
(plus Xiphos) :
Aucune! CANDAULE
(sévèrement) :
N'est-ce pas Gygès?
GYGES
(se reprend vivement):
Aucune, Divinité.
N°l (SCATOPHAGOS)
(lèche les pieds du ROI).
N°2 (PHALLOKRATES)
(soulève sa robe et l'évente par-dessous.)
CANDAULE
(mi-soupçonneux, mi-plaisant) :
Mais que disiez-vous exactement sur la Reine, à mon arrivée?
(Les manèges des COURTISANS s'estomperont pendant lafinde la scène)
GYGES
Sire, nous avons loué la fermeté de votre coeur, lorsqu'il éleva sur le trône une humble servante de la cour de Phrygie.
CANDAULE
(pensif, sans plus se soucier de ses courtisans) :
Tout au long du voyage, papa n'avait cessé de me seriner:
(il imite)
"La fille du roi de Phrygie est le meilleur par ti que nous pouvions trouver! Elle t'apporte en dot un canton ...d'une richesse! de l'orge, des vaches, des cochons ...comme s'il en pleuvait! Tu te rends compte?Surtout que le trésor est assez bas en ce moment. Et puis
(clin d'oeil),
c'est une gaillarde, quatre coudées de haut, elle te fera de beaux gros enfants.
Guili-guili ! Mais elle a dix ans de plus que moi!
-Ca ne fait rien, tu auras tes petits camarades
(Les COURTISANS se tortillent)
(CANDAULE baisse la voix, prend un ton grivois et rauque)
...et des concubines ! (10)
"Bref, nous arrivons à la cour de Phrygie
...Et la je vois
...Zeus, Apollon, Hadès !
Une grande et grasse fille blême, qui me souriait de ses trente et une dents, et qui avait un nom
... Agathô ! Agathô !
J'en rigole encore: pendant le repas
(les COURTISANS se préparent à rire, Xiphos pousse légèrement Gygès du coude en levant les yeux au ciel),
je lui ai sussuré : "Passe-moi le plat, Agathô"
(Les COURTISANS s'esclaffent).
Vous comprenez? "Le plat, Agathô !" Wahaha ...
Gygès et Xiphos rient poliment)
Non, mais là je ne sais pas si vous avez très bien compris: le plat, Agathô ! : plat, à gateaux ...C'est un jeu de mots, "plat, Agathô... Hrnm ?
(Gygès et Xiphos rient un peu plus fort).
Mon père était furax. y bavait dans son assiette, le vieux.
(il change de ton)
Soudain parmi les femmes qui nous versaient le vin, je remarque ...alors là fini de rire... Je ne savais plus où j'étais... Nous nous sourions. .."D'un sourire engageant le premier est suivi."
"De ses bras elle effleure au passage ma tête." Comment faire? / Ma prétendue ne me lâchait pas d'un cothurne. Alors on s'est rejoigné aux cabzingues.
(grave) :
"Dès le premier élan, elle m'a tout donné :
Sa couronne de violettes".
(Les COURTISANS s'apprêtent à rire, mais N°1 (POMPATYPHUS) qui a mieux observé, les calme en vitesse. Xiphos feint me quinte de toux. Gygès reste impassible.)
Je reviens, et devant l'assemblée :
"CANDAULE a choisi son épouse: Tydo, fille d'Agapès" -The big scandaI. Le père d'Agathô sourit en parlant de folie de jeunesse, de toute part on veut me faire avouer que je plaisante, que je sais ivre, mais je n'en démords point, et je me retire en déclarant que je ne veux pas quitter la cour avant d'avoir obtenu satisfaction.
Mon père, hors de lui, vient me trouver "Quoi! espèce de petit déguieulâsse, alors que je viens en personne te présenter à l'héritière du trône de Phrygie, c'est d'une de ses servantes que tu t'amouraches? De quoi j'ai l'air, je te le demande !" Je lui ai répondu, et ma foi, ça ne lui a pas plu.
Mais il a bien pu me rabattre les oreilles de sa dot, de son autorité paternelle et de la gloire immortelle de nos aïeux (choeur en sourdine des COURTISANS (11), je n'en suis pas moins revenu de là-bas avec Tydo ...Et depuis ...j'admire...
"Chaque jour me découvre une beauté nouvelle,
Et il n'est pas de nuit que je ne rêve d'elle".
(Mines extatiques des COURTISANS qui scandent, chuchotent: "Oh! des alex andrins...)
(Ils respectent une ou deux secondes de rêverie)
Allez, vous autre. Je voudrais parler à Gygès seul.
(Les COURTISANS sortent silencieusement, avec lemêmemanège qu'à l'entrée, autour d'une forme de roi. Xiphos les suit sur un dernier signe discret du ROI.)
SCENE III -GYGES, CANDAULE.
CANDAULE
Gygès, je pense que tu ne me crois pas quand je parle de la beauté de ma femme.
GYGES
(se récriant)
Sire, qui peut mettre en doute...
CANDAULE
(indulgemment)
Je t'observais. Oh, pour la politesse, aucun reproche à te faire: un léger sourire, juste assez pour paraître te divertir, mais rien de trop, digne, les yeux à terre -une contenance. ..
GYGES
...de sept litres environ, Divinité.
CANDAULE
Mais dans ton regard, je n'ai vu qu'un enthousiasme de commande.
GYGES
(amer)
N'as-tu pas autour de toi suffisamment d'approbations?
CANDAULE
Ne me parle de ces guenons. C'est ton opinion qui m'importe.
GYGES
Qui suis-je, pour en juger?
CANDAULE (vivement)
Il ne me suffit pas, vois-tu, de n'oser murmurer son nom que dans le silence de l'alcôve.
"Libre aux gens du commun de celer leur amour,
D'asphyxier leur coeur sous les draps de la honte,
Et le mesquin reflet d'une beauté commune."
Mais moi, à qui Zeus envoya Aphrodite en partage, quelle honte saurait me retenir? (avec force et conviction) Ma Reine est ma foi (12), elle est ma preuve de Zeus, et je la répandrai, et j'en ferai croisade (13). Si princes et seigneurs font fi de mes appels, détournant leurs regards, j'irai, je les renverserai, et les enchaînerai à son trône. Si le monde n'accourt aux pieds de ses autels, j'irai je conquerrai le monde.
Quant à toi, Gygès, si tu restes incrédule, ou tiède seulement,
"Dûssent les Rois de Tyr, d'Elam et de Memphis
Déposer à ses pieds leurs insignes royaux,
Et franchir les déserts pour un de ses sourires,"
je serai malheureux, tout simplement. {14)
(il sanglote) :
Boo-hoo, hoo, howhow...
(se reprenant)
Les oreilles sont moins crédules que les yeux. Et voici à quoi je songe: que diras-tu, si je te la fais voir...nue?
GYGES
Divinité!
CANDAULE
Tu es de ses familiers. Tu connais les arcanes du palais. Il te sera aisé de la surprendre.
GYGES
(fortement choqué)
Divinité! ces propos malsains...
CANDAULE
...Poil au sein.
GYGES
Qui perd sa chemise, perd son honneur. Une femme doit rester cachée.
(solennel) :
Nos aïeux ont dit une excellence chose, il ne faut pas transgresser...
CANDAULE
Justement, elle n'en a pas.
GYGES
...Les anciens ont dit: Que chacun respecte son bien.
CANDAULE
...de poils aux seins.
GYGES
O Roi, respecte les lois des Ancêtres, si tu veux que tes sujets te respectent. CANDAULE
(ravi) (15)
(se lève avec empressement, étreint les épaules de Gyges)
Cher, dévoué Gygès. Quel poids tu m'ôtes! Comment pouvaisje douter de mon serviteur de mon ami, de mon unique ami.
Ta présence me comble de gratitude. Je te veux en retour combler de mes faveurs. Je te nomme sur -le -champ gouverneur de Phrygie et te charge d'y veiller aux levées d'impôts, dont tu auras bonne part. Tu toucheras sur l'ensemble du royaume les droits d'hypothèques et de scellés. Le domaine de Pouriouskalos et toutes ses terres, je te l'octroie aussi, tu en seras propriétaire.
Le palais de Gâtheux-en-Bavarois t'appartient également, tu pourras t'y installer, toi et ta domesticité, et il sera à toi et à tous tes descendants, jusqu'à la septième génération (16). Et tu seras capitaine de ma garde d'honneur.
GYGES
(se gardavouse)
Je le suis déjà, Sire.
CANDAULE
...eh bien, je créerai pour toi la dignité de Grand-Chasse-Mouches de la Garde.
(le Roi garde un silence très fin)
GYGES
(après un silence plein de grands mots) :
Ainsi tu voulais m'éprouver? Que me réservais-tu, si j'avais accepté?
(le Roi se tait, mais le regarde par-dessous, tripotant ses ongles)
C'est contre moi, Gygès, ton seul ami, que tu as machiné une ruse aussi grossière? Crois-tu qu'à ce point j'ai perdu la mémoire? ...Les yeux d'Agazoklès (17) transpercée au fer rouge... Pharos (18) , broyé hurlant sous un amas de pierres ...
CANDAULE
Tais-toi ...
GYGES
Cadanès éventré (19)
CANDAULE
Pardon, Harakès... (20)
GYGES
...d'entrailles couronné.
CANDAULE
(SOURD ET RAGEUR)
Tais-toi !
GYGES
Sa mère, devant ses yeux, forcée...
CANDAULE
(l'interrompt, la main crispée sur son avant-bras, en un rugissement ) :
Tais-toi ! Tais-toi !
GYGES
Ah je sais ta douleur!
CANDAULE
(même jeu)
Tu connaîtras la tienne! -Si je veux, Gygès, entends-tu, si je veux, à l'instant même je peux me débarrasser de toi, pour la façon dont tu t'adresses à ton sou verain.
Et je l'aurais pu depuis plus longtemps
(insinuant)
Au retour de Phrygis, ne te surpris-je point à courtiser la future Reine?
Tu faisais moins le fier, alors. Comme tu me supplias de t'épargner! Te souviens-tu comme, en sa présence, tu tombas à mes genoux?
...Mais tout cela est oublié, cher Gygès. Si je l'avais voulu, pourquoi
eussé -je attendu si longtemps?
GYGES
Et pourquoi pas?
CANDAULE
(brusquement dur)
J'ai des ordres à donner.
(Il sort)

ACTE II

SCENE PREMIERE -GYGES, XIPHOS
XIPHOS
(furtif) Il est parti?
GYGES
Oui
XIPHOS
La plus belle gaffe de ta carrière de gaffeur, tu l'as faite à l'instant.
GYGES
En lui rappelant ses crises?
XIPHOS
S'il n'y avait que ça ...Son bouffon lui en rappelle bien d'autres. Je veux dire, ton refus... (il se tortille sans oser achever)
GYGES
(scandalisé) Mais... ça, mais...
XIPHOS
...devoir...
GYGES
(outré) De voir quoi, je te prie?
XIPHOS
La... la reine ...(il esquive une baffe)
GYGES
Mais tu écoutais, gredin! (il fait à nouveau le geste de
frapper)
XIPHOS
(précipitamment) Seigneur, tu n'auras pas à le regretter!
je te sauve la vie si tu m'écoutes. Il t'a bien donné le
gouvernement de Phrygie, n'est-ce-pas ?
GYGES
Eh bien?
XIPHOS
(en un souffle, exorbité) Elbatès
GYGES
Quoi, Elbatès ?
XIPHOS
Il l'a promise également à Elbatès. (Très vite pour tous
les deux)
GYGES
A Elbatès ?
XIPHOS
A Elbatès.
GYGES
Promis quoi?
XIPHOS
La Phrygie.
GYGES
La Phrygie?
XIPHOS
A Elbatès.
GYGES
A mon plus mortel ennemi? A Elbatès, la Phrygie? (emphatique) Mais il va me trucider! (Il s'effondre sur le cube de pierre)
XIPHOS
C'est bien la dessus que compte le roi.
GYGES
Que faire?
XIPHOS
Crois bien qu'il va s'arranger pour qu'Elbatès le sache au plus vite.
GYGES
Que faire?
XIPHOS
...Et qu'Elbatès te massacrera.
GYGES
Que faire?
XIPHOS
Sans aucun doute, dans une heure, tu seras mort.
GYGES
Que faire? (22)
XIPHOS
...et les asticots...
GYGES
Oh ! Cesse de répéter toujours la même chose! Va, cours,et ramène Candaule, trouve un prétexte!

SCENE II : GYGES, seul
GYGES
O despote plus fourbe que les plus fourbes!
J'avais bien deviné, mais c'était le contraire.
Me voici donc réduit...
Comment après cela te regarder en face ? O reine, comment supporter ton regard sans rougir? Les rides du remord ravageront mes traits. Pesantes et salées dévaleront mes larmes.
La pourpre de la honte déparera mon front.
Lorsque tu m'effleureras, je tressaillerai.
S'entrechoqueront mes genoux. Ma langue se déssechera et mes dents se mélangeront. Si tu me dis: "Qu'as-tu ?"où trouver les mots pour te répondre ?
O ma reine, ce n'est pas de cette façon que j'avais espéré te voir nue la première fois! Couche royale et somptueuse, au milieu des carbases (23)et des purpuréines !
C'est pourtant vrai qu'elle a du charme, la gonzesse... et j'aurais fait un roi assez acceptable, après l'assassinat.. Mais faisons fi des scrupules. Soyons réalistes: qu'elle me voie, et c'est la fin; elle s'en plaint au Roi, qui ne peut que me blamer, et kouik ! (24) adieu ma belle tête!
Et pui j'en ai marre de ce Candaule, Dancaule, Dancule ! (25)
Depuis quand me tourne-t-il autour! "Mon cher Gygès" par-ci, "Mon cher Gygès" par-là, il me consulte, il me prend à l'écart pour m'entretenir de futilités. Je n'ai pas un moment que je ne sois épié sous couleur d'empressement...
...Si je consens, je suis lié (26). Que n'exigera- t- il pas ensuite? Des deux côtés, la mort m'attend.
Mon devoir est de tout révéler à la Reine-uuuunnn instant qui croira-t-elle, du conseiller fidèle ou du mari débauché ? Il serait bien plus aisé de me faire disparaître pour étouffer le scandale...
Hé ! tentons le sort! Après tout si Candaule me croit complice, il se méfiera d'autant moins! je m'en lave les mains... Et je m'en rince l'oeil.
(Silence)
La seule solution, c'est de tuer Elbatès avant qu'il ne t'assomme. (Il se monte) Qui est-il, cet Elbatès ? un matamore, un soudard qui n'a jamais que deux têtes de plus que moi! D'intelligences autant qu'un amys, qu'un érébinthe!(27)
Croit-il m'intimider, avec ses bravacheries ? Qu'il se présente, qu'il vienne! (il fait des moulinets).

SCENE III -GYGES, ELBATES
ELBATES
(colosse hilare et féroce) Me voici. Que veux-tu?
GYGES
(dans un sursaut d'épouvante)
Rhâââââ !
ELBATES
(douceureux et menacant)
Te serais-tu converti au Dieu des Egyptiens, (28) ô amys, ô érébinthe ?

SCENE IV -GYGES, ELBATES, CANDAULE
CANDAULE
Doucement, Elbatès.
Ce n'est pas le moment de te fâcher.
(A Gygès) :
Gygès me fait appeler, je réponds à l'appel de Gygès.
(Il congédie Elbatès)

SCENE V -GYGES, CANDAULE
CANDAULE
(s'installe et se drape sur la rampe.)
Je t'écoute.
GYGES
(très embarrassé)
Je vous ai mandé (29), Sire; je sais que les usages...
CANDAULE
Eh bien tu le vois, je suis venu. Que me veux-tu?
GYGES
Sire, c'est trop d'honneur. Je suis confus en vérité. Je ne saurais assez vous exprimer ma respectueuse gratitude.
CANDAULE
Certes, certes. Mais explique-moi, je te prie, la raison de ton appel.
GYGES
Majesté, c'est que... je ne sais... Peut-être trouverezvous...
(il prend un grand élan) :
Je crois que...
CANDAULE
(le coupe vivement, à mots chevauchants)
As-tu peur d'Elbatès?
GYGES
(déconcerté)
Naturellement
(il se reprend, de façon à faire croire à une, amphibologie (30) initiale)
..., non,
(se raffermit),
je suis votre garde, la peur ne saurait m'atteindre.
CANDAULE
Tout à l'heure, il se montrait bien hardi avec toi.
GYGES
Sire, pour être soldat, je n'en suis pas moins homme.
(Explicatif)
Je ne suis pas de ceux qui frappent d'abord et disputent ensuite ;
(avec l'air de quelqu'un qui expose un point de vue particulièrement sagace).
Ce qu'i faut, avant tout, c'est être diplomate, Divinité. Ne pas foncer à tort et à travers, mais concilier, réconcilier, circonvenir,négocier au plus près.
(Il s'arrête sur un sourire expectatif, figé,mains contournées et immobiles).
CANDAULE
Je vois que je possède au moins un soldat intelligent..
(Gygès fait un signe embarrassé, car il ne sait pas si l'on se moque de lui.) Et, Xiphos, dis moi, que penses-tu de lui au juste?
(GYGES hésite).
Tu peux t'exprimer sans crainte nous sommes seuls.
(A ce moment paraissent quatre têtes de chaque côté des coulisses).
Oui, je comprends, tu ne l'apprécies guère.
GYGES
Boff (31) vous savez...
CANDAULE
N'est-ce pas? Je le vois toujours à tes côtés, et "mon cher Gygès" par-ci et "mon cher Gygès" par-là; tous les prétextes lui sont bons pour te consulter. Ne t'a-t-il pas retenu l'autre jour une bonne heure pour te parler de l'inclination de l'aigrette sur le nouveau modèle de casque psi 3-14-pi-pi prime? (32)
GYGES
Si, et une autre fois sur l'écartement règlementaire des deux premiers orteils pour le salut militaire de parade... et une autre fois...
CANDAULE
Oui, j'ai bien vu que tout ce fayottage t'importunait. Ce n'est certes pas avec des flatteries de ce genre qu'on peut te corrompre...
GYGES
Assurément, pour la modestie, je ne crains personne.
CANDAULE
Et c'est d'ailleurs pourquoi tu l'as chargé de mener en personne le défilé du 14 Hécatombeion. (33)
GYGES
Il fallait bien s'en débarrasser d'une façonou d'une autre.
CANDAULE
(avec commisération)
Quel fâcheux que ce xiphos.
GYGES
On ne s'en défait pas.
CANDAULE
(montrant sa jambe)
C'est comme les varices.
GYGES
C'est un pot de colle forte.
CANDAULE
Et note bien, prêt à te trahir à la première occasion.Bref une promiscuité fort dangereuse. Il t'enlisera dans les marécages de la cour.
GYGES
Toujours (34)
CANDAULE
Et moi je veux qu'elle te soit au contraire un refuge, un asile. Je vais te débarrasser de ce Xiphos
(dans un rire, et se courbant en claquant la cuisse de Gygès qui rit à son tour, contraint).
Dès demain, je le mute à Perségratokoupolis. (35)
GYGES
Ah ! Perségra... !
CANDAULE
...tokoupolis, parfaitement. Es-tu heureux?
GYGES
Oh oui alors!
CANDAULE
(change de ton ex abrupto)
Mais tout cela ne nous apprend pas, mon cher Gygès par-ci par-là, ce qui t'a fait me mander en ces lieux.
GYGES
Divinité, c'est au sujet de votre proposition.
CANDAULE
Quelle proposition? (36)
GYGES
La reine...
CANDAULE
(répète, attentif)
La reine...
GYGES
La reine, nue...
CANDAULE
La reine, nue...
(brusquement, feignant l'indignation)
Que viens-tu me chanter?
GYGES
Mais, Divinité, tout à l'heure, sur la reine...
CANDAULE
Sur la Reine? qui, sur la Reine? Que veux-tu dire?
(il coupe Gygès à chaque fois que celui ci tente de s'expliquer)
Qu'as-tu à bégayer ...Pourquoi ces mots sans suite?
Exprime-toi clairement!
GYGES
(le coupant avec force) :
JE-VEUX-VOIR-LA-REINE-NUE- comme tu me l'as proposé tout à l'heure!
CANDAULE
Aaahhh! bob ! mais il fallait le dire plus tôt! Par Zeus si je m'attendais. Mais c'était complètement oublié! Comment pouvais-je deviner? Tu m'avais si bien assuré qu'une femme devait restée cachée.
GYGES
Il est vrai, mais...
CANDAULE
...qu'il ne fallait regarder que son bien.
GYGES
Sans doute...
CANDAULE
...que nos ancêtres avaient fort bien dit...
GYGES
Certes...
CANDAULE
...Que leurs lois étaient infrangibles...
GYGES
Je n'en disconviens pas, mais...
CANDAULE
...et qu'un Roi se devait le premier de les respecter.
(contrit)
Quelle déception, Gygès, quelle affliction me pénètre le coeur.
GYGES
Elbatès !
CANDAULE
Allons, je vois avec plaisir qu'il me reste au moins un soldat intelligent. Et bien soit. Tu verras dès ce soir ce que tu désires.
GYGES
Mais comment la Reine prendra-t-elle la chose?
CANDAULE
Elle ne prendra rien, et surtout pas la chose, car elle ne te verra pas. Voici comment nous procéderons: avant l'heure du coucher, je m'introduirai moi-même (37) derrière (38) le battant de la double porte. Peu de temps après, la Reine se présentera, puis moi-même, derrière elle, au lieu de fermer la porte, comme les nuits sont chaudes, je tirerai seulement la tenture.
(Pause)
Devant la porte se trouve un siège, où la Reine dépose chaque soir un à un ses vêtements. Tu pourras ainsi lacomtempler à l'aise. Quand elle tournera le dos pour se diriger vers son lit, à toi alors de te glisser hors de la pièce sans être vu.
GYGES
(a écouté très attentivement ; ils sourit, se lève, et acquiesce)
c'est entendu.
CANDAULE
(se lève et ajoute négligemment)
Je te laisse Pouriskalos, et le palais de Gathys (Gygès s'incline). Quant à la Phrygie... je penserai à te confier une province moins lointaine et plus accueillante. A tout à l'heure, Gygès.
(exit)

SCENE VI -GYGES, seul.
GYGES
(fait une grimace au Roi vers les coulisses)
Prenons notre parti.
Mais que peut-il espérer?
Quelle pression peut il exercer sur moi? Car s'il me dénonce, il se perd.
(Voix étouffée)
Ciel! la Reine...

ACTE III

SCENE PREMIERE -GYGES, TYDO, LYGDAMIS (servante)
TYDO
Pour te montrer qu'il n'est pas que le Roi pour te venir trouver.
GYGES
(semble souffrir beaucoup au cours de la première partie de l'entretient)
Votre Eternité peut en tout lieu m'honorer de sa confiance.
TYDO
Pour cela je t'ai choisi : pour ta fidélité. Qu'as-tu?
GYGES
Eternité, vos paroles me touchent.
TYDO
Tu es mon unique interprète ici. Qui, excepté le Roi, est plus élevé que toi dans mon estime? ...Tu vas mener auprès de lui une intervention qui demande beaucoup de tact.
Dis-moi: que s'est-il passé en Mysie? (39)
GYGES
(se retrouve sur le terrain politique) :
Et bien le roi Sélévon (40) a péri, voilà deux semaines, et que le rustre Milas (41) règne désormais sur le royaume.
TYDO
Or ce rustre, comme tu le définis si à propos. cherche à se faire reconnaître: Arsélys de Mylos (42) est à-demi gagné.
GYGES
Mylas et Arsélys ? Voilà qui nous prend en tenaille.
TYDO
N'est-ce pas? et je veux, moi, que tu dises au Roi que la seule solution est de reconnaître Milas et de s'entendre avec lui...
GYGES
...contre Arsélys. justement. Mais le Roi Candaule vou dra-t-il reconnaître un usurpateur? Vous savez combien il est attaché aux principes de droit divin.
TYDO
Tu penses que ce sont là des idées de femme?
GYGES
De la Reine, de la plus aimée des Reines.
TYDO
D'une femme quand même... Et dès qu'une femme se mêle de politique ...(43) Toi seul peux le convaincre; présente cela comme le fruit de tes seules réflexions. Le pays n'est pas prêt pour la guerre. Tu as bien mieux que moi l'oreille du Roi. Persuade-le
GYGES
Bien. Eternité.
TYDO
(plus douce)
Déjà pour le rejoindre? il te quitte à l'ins tant! De quoi t'entretenait-il? Car il te parlait debien près. te retournant avec sa serre! (44)
GYGES
Euh... Ben...
TYDO
Quelle que soit ton opinion. Gygès. tu lui dois d'abord assistance.
GYGES
Cependant. Majesté. en l'occurence...
TYDO
Tu discutes le Roi? Je ne t'écoute plus.
GYGES
(fataliste)
Nous avons aussi parlé de Xiphos. Le Roi l'envoie en garnison à Perségratokoupolis....
TYDO
Comment peut-on placé un tel crétin à un poste aussi menacé ? Je t'y verrais bien davantage. Tu saurais mieux braver les Assyriens. Tu saurais les contenir, et même, les forcerais sur leur propre territoire.
GYGES
Ne me regretterait-on pas si je succombais?
TYDO
Tu reviendras, Gygès, les coups ne sauraient atteindre un homme tel que toi.
GYGES
Bien sûr, je suis si prudent...
TYDO
Pense à l'entré triomphale que tu ferais à Sardes! sais tu que de toute part on te veut marier? (45)
GYGES
(minauderies pédérastiques)
Merci bien...
TYDO
Va, n'oublie pas ta mission

SCENE II -TYDO, LYGDAMIS
La scène s'obscurcit, projecteur sur les deux femmes. Un serviteur apporte un fauteuil (46). L'espace troué par le coup de projecteur est censé représenter le cabinet de toilette de Tydo. Lygdamis, debout derrière elle, la coiffe. Pendant ce temps changement de décor.
TYDO
Ce Gygès! Quelle prudence barbonnesque ! "Ne me regretterait-on pas si je succombais ?" Je le vois très bien dans vingt ans d'ici, vieux renard de cour, le front dégarni, l'oeil en coulisse et la barbe en vrille, sussurer quelques doctes sentences du haut de son embonpoint.
(Alors seulement elle s'assied, et Lygdamis commence à la coiffer).
As tu vu cet air froid et compassé? Aie doucement. Je crois bien qu'aujourd'hui il se guindait plus encore que d'habitude. Quelle pâleur! Doucement voyons, ! Qu'il était pâle, n'est-ce pas?
LYGDAMIS
(ton péquenod)
Voui Madâme...
TYDO
"Eternité, vos paroles me touchent." Je suis sûre qu'il aimerait me parler sur un autre ton. A droite, celle-là, Lygdamis. J'ai réussi à le faire nommer capitaine de la garde. Pourquoi ne cherche-t-il pas à se mettre en valeur? Il ne manque pas d'exploits à accomplir sur les frontières. C'est trop de politique, et pas assez d'éclat.
LYGDAMIS
p't'êt ben qu'c'est pas un guerrier, Madâme.
TYDO
Dommage... Dommage...
LYGDAMIS
...Ellan.
TYDO
Connnent?
LYGDAMIS
Magellan...
TYDO
Je ne te comprends pas. Un peu plus haut derrière, s'il te plait. (46)
Le projecteur sur le groupe TYDO-LYGDAMIS, côté cour, s'é teint. La Reine sort. Autre projecteur sur le fond (tenture)
Le ROI dispose Gygès comme il l'a prévu, puis ressort. (47) (48)

SCENEIII -Le ROI, TYDO, GYGES
Le Roi entre, tenant la REINE chastement par la main, de loin. Il s'assied sur le tabouret et chante. La REINE écoute d'un air apparemment amoureux et hautain à la fois, se conformant à son personnage. Puis, noir absolu et projecteur sur le ROI qui se dévêt avec toutes sortes de minauderies outrancières et éparpille ses vêtements aux quatre coins de la pièce. Par-dessous, il peut porter un caleçon 1900, des fixe-chaussettes, divers accessoires anachroniques, un râtelier, un oeil de verre, etc au choix de l'acteur. Il se couche en plongeant sur le lit, folâtre.
Projecteur sur le REINE seule, qui se dévêt le plus simplement et le plus noblement possible
(collant chair de préférence).
Gygès, après hélas un ou deux gestes retenus d'hésitation, s'éclipse alors que la REINE se retourne pour s'allonger. Il s'enfuit, éperdu. Elle le voit, puis finit de s'allonger au ralenti.

ENTR'ACTE ENTR'ACTE

ACTE IV

SCENE PREMIERE -TYDO, LYGDAMIS, SERVITEURS.
TYDO
(majestueusement et énigmatique)
car "Nul n'est plus digne que celui qui vient de marcher dans l'ordure" (49)
Vivant, Thoulos, je le veux vivant.
(A un autre) :
Surtout restez de marbre. Que rien dans votre voix ni dans votre attitude n'éveille le soupçon.
(les serviteurs acquiescent et sortent par des directions opposées).

SCENE II -TYDO, TROISIEME SERVITEUR
TROISIEME SERVITEUR
(air puceau)
Vous, Majesté, si pure, si digne de respect...
TYDO
(sans s'attendrir)
Va, mon bon Zélis, rejoins-les, fais ton devoir.
(exit Troisième serviteur)

SCENE III -TYDO, LYGDAMIS
L'éclairage baisse progressivement. Lumière diffuse, vert d'eau. Lygdamis se rapprochera progressivement de la REINE Celle-ci montre une vive agitation.
TYDO
"Si digne de respect..."
...Tellement digne en effet qu'on a voulu voir un peu ce qui se passait la-dessous!
(elle froisse sa robe)
(silence)
Oui, Lygdamis. Souillée, violée du regard
(cela lentement, comme dans un rêve)
(puis le débit s'accélère) :
Pis encore: examinée comme une jument par un
(ce mot doit éclater)
palefrenier!
(Faiblement) :
Et cela, par un homme, en qui j'espérais un peu... J'espérais qu'il me délivrerait
(voix sourde)
de tout ça
(geste sans emphase).
Ah ! J'aurais préféré cela du dernier de mes cuisiniers...
(élan, cri) :
Pourquoi n'as-tu rien demandé toi même?
(plus sourd, puis crescendo) :
Mais il est un homme que je méprise plus encore: c'est Candaûaûle...
(geste de surprise de Lygdamis)
(ex-abrupto) :
Oui, c'est lui, n'en doute pas, qui a inspiré -qui a ordonné ce geste, car Gygès n'eût jamais conçu de lui-même un tel acte.. Seul un être qui me
(écraser le mot)
méprise a pu me réduire de la sorte au rang de catin.
(Bruits grotesques: basson, cris d'animaux, rires stupides, chasse d'eau.)
Perdue en elle-même :
Que de regards troublés en ma présence...
Que de bouches voilées...
Le Roi me trahissait, et tous le répétaient.
Que de fois je tentais de l'arracher à ce rôle... mais d'un rire, il fuyait. Et le soir, je n'avais que ses yeux, rien que ses yeux, et son rêve.
(accentuation des bruits)
Puis lasse de mendier, lasse de supplier, en silence, je le méprisais...
(douloureux) :
Que je suis submergée par tous ces mépris!
(un pet en coulisse)
le voici...
(elle fait un signe pous renvoyer Lygdamis, mais esquisse elle-même un mouvement de fuite).
Va-t'en, Lygdamis
(exit Lygdamis)
Que je me compôôse...
(en disant cela elle revient lentement au centre de la scène et se campe, majestueusement, drapée, impassible, sur un pouf-trône.)

SCENE IV -TYDO, GYGES
GYGES
(vêtu de vert sombre, entre d'un air normalement dégagé. La REINE, marmoréenne, lui désigne un siège plus bas, où Gygès se drape).
TYDO
(voix nette, lente, éviter le ton coupant)
Je t'ai vu hier soir...
LYGDAMIS
(en coulisse)
Poil aux génitoires.
GYGES
(change de couleur, et, insensiblement, d'attitude. Son coeur bat à coups redoublés)
(bruitage possible)
TYDO
Désormais, Gygès, ton choix est clair. TUE
(léger sursaut de Gygès)
le roi et usurpe son trône, après avoir usurpé ses droits --ou bien moi, Tydo, qui suis encore Reine après l'affront, je te ferai châtier comme tu le mérites, pour ton abjecte docilité.
GYGES
Reine! ne m'enfermez pas dans ce dilemne ! Je vous en conjure!
TYDO
Gygès! Quand cesseras-tu d'être un courtisan! Ou bien lui pour m'avoir prostituée, ou bien toi pour m'avoir regardée
GYGES
Reine!
TYDO
(poursuivant) :
Achève ton acte, Car une femme de mon rang, SEUL UN ROI PEUT L'AVOIR VUE.
(Gygès ne soupire pas, baisse les yeux mais garde la tête droite. Eviter pour la Reine le regard sévère, et pour l'ensemble le style engueulade du naughty boy. Sobriété.)
GYGES
(un peu plus ferme, résolu à l'inévitable; voix sèche,peu forte) :
Bien comment ferons-nous?
TYDO
Le châtiment viendra d'où est venu le crime. Ce soir, tu te placeras derrière cette même porte, avec ton poignard.
Quand le Roi sera endormi, tu le poignarderas.
(Elle le tire de son sein, et le jette à Gygès qui l'attrape au vol, sans trembler.)
Mes amis!

SCENE V -LES MEMES, GARDES
(Pendant l'apparition des Gardes, Gygès considère le poignard, dabord indécis, interdit; puis la résolution naît sur son visage; il dissimule l'objet.)
TYDO
Accompagnez le Seigneur Gygès à son cabinet; il y trouvera de quoi s'occuper jusqu'à ce soir. Et veillez bien à ce que personne ne le dérange.
(Les gardes encadrent respectueusement Gygès. Exeunt.)

ACTE V

SCENE PREMIERE -TYDO, CANDAULE
(la Reine se regarde pensivement dans un psyché. Le Roi entre furtivement. La Reine l'aperçoit mais ne marque aucun sentiment. Il s'assied sur un pouf.)
CANDAULE
J'étais venu contempler ma Reine au lever de l'aurore. J'étais venu voir, si la nuit t'avait transformée.
TYDO
Tranformée?
CANDAULE
Si un soleil nouveau s'est reflété en toi.
TYDO
(se retournant théâtralement)
Eh bien me voici
(elle se lève).
Contemple. Contemememple-moi.
(Elle esquisse autour du Roi une lente ronde possession sphyngienne et le fixe d'un air profond, inspiré. Le Roi se tourne aussi sur son siège amusé et pensif)
CANDAULE
C'est toi qui me contemple ...?
TYDO
Pourquoi non ?
(elle poursuit au ralenti)
CANDAULE
(la prenant doucement par la main) :
Cesse, je hais le mouvement qui déplace les lignes. (49) Laisse-moi te regarder.
TYDO
C'est moi qui regarde aujourd'hui, c'est moi qui possède.
CANDAULE
(fièrement)
Qui veut me posséder?
TYDO
La Reine.
CANDAULE
(mélodie descendante)
Le ROI possède la Reine.
TYDO
Et Gygès, le Roi.
(jeu de scène à la discrétion de l'acteur : feint de ne pas comprendre, ou tique légèrement, ou sur le point de s'expliquer, ou bien feint l'étonnement. etc...)
TYDO
Qui es-tu, toi qui te livres à tes courtisans, et te fermes à moi?
(faisant la liaison après "fermes")
CANDAULE
Est-ce que je me livre?
TYDO
Toi qui cajoles tes gitons, mais évites ta femme?
CANDAULE
(laudatif et explicatif) :
Tu es la Beauté. Tu es l'Idéal.
TYDO
Es-tu heureux?
CANDAULE
La Beauté ne se touche pas, l'Idéal ne s'atteint pas.
TYDO
L'Idéal ne se contemple pas. Il se prend
(Elle esquisse un geste, il se gare instinctivement)
CANDAULE
Arrière!
(La Reine se recule et laisse retomber le bras, découragée.)
TYDO
(morne)
l'ennui me ravage. As-tu pensé combien les statues pouvaient s'ennuyer?
(Silence)
Lygdamis me peigne, je la peigne à mon tour, nous nous...
CANDAULE
Toi aussi, Seule, comme moi?
(silence, pause)
(Le Roi se lève rapidement, et tente maladroitement d'embrasser la Reine.)
TYDO
(se dégage et crie)
Ne me touche pas! (51)
(le Roi reste dans sa posture, les bras en avant, "foudroyé")
C'est toi même que tu embrasses! C'est ta victoire que tu veux étreindre !
CANDAULE
Ma victoire?
TYDO
Oui! c'est ma dégradation, c'est ma souillure qui te transporte! Et Gygès est ton complice!
(Elle s'enfuit. On entend au loin un battant de bronze se refermer.)

SCENE II -CANDAULE, seul
CANDAULE
Seul... Une fois de plus...
(un geste impulsif vers la sortie)
Oh !
(regard circulaire)
Comme tout est vide en ce palais. O Tydo ! Je l'ai tant regardée que je ne l'ai point vue -de ses grands yeux ouverts, aveugles... Mais la frôler, mais lui parler sans jouer! la découvrir... Me découvrir...
(plus bas, sourdement)
Elle me méprise, à jamais ; et certainement depuis longtemps
(avec une rage contenue)
Que ne me suis-je vengé d'elle plus tôt! Oui c'est une Juste vengeance que j'ai assumée. Devant toute la cour, j'aurais du l'exposer ! Hélas, je me tourne moi-même en dérision, je demande à chacun d'être aussi esclave que moi.
Et à toi, Gygès, j'ai voulu demander plus qu'aux autres, parce que c'est toi que j'aime le plus, toi qui m'as toujours fui, toi qui d'entre mes mains toujours as su glisser.
(Plus vif)
Tu ignores le bienfait que je te dois, la douce vengeance que tu m'as procurée. Qu'elle t'ait vu, tant mieux! Je suis donc en ton pouvoir, Gygès, à présent. Gygès, mon seul ami, que je n'ai pu fléchir!

SCENE III -CANDAULE, GYGES
Gygès apparaît dans le dos du Roi, éclairage sinistre
(vert sombre),
il tient son poignard
(reflets jaunes sur la figure de Gygès, vers sur le poignard)
CANDAULE
(se retourne, il ne manifeste pas de surprise trop forte.)
TOI... .
GYGES
(voix étouffée, comme se parlant à lui-même) :
douleur, mon incertitude, mon angoisse, je vous ai devant moi, je vous regarde sans ciller, je vous tiens -au bout de mon poignard.
(Ce disant, il s'est avancé en un lent mouvement de glissade. Les voici corps à corps)
CANDAULE
Je ne pensais mourir par toi.
GYGES
Tu ne dis pas la vérité.
CANDAULE
J'aime la vie, sais-tu ...(52)
GYGES
Meurs...
(Candaule pousse un long cri mélodieux- Sprachgesang ou Tarzan, au choix; il rampe, recroquevillé, vers le public, de côté. Puis il s'affale, en boule. A ce moment lumière blanche éblouissante).

SCENE IV -GYGES, LE ROI (mort), TYDO
TYDO
Gygès, qu'as-tu fait?
(Gygès reste immobile. Tydo alors va se pencher vivement sur le cadavre du Roi. On l'entend murmurer son nom. Gygès reste immobile. Elle revient ) :
Qui t'a fait sortir?
Qui t' a permis de frapper dès maintenant?
GYGES
Demande-le aux gardes
(il montre son poignard)
TYDO
Je t'aurais délié de ton serment ; je t'aurais enjoint de ne pas le faire.
(Gygès reste incrédule).
Je ne l'ai jamais véritablement approché. Idole il m'avait prise, idole, je suis restée. Je n'ai su que jouir de mon malheur. Mon orgueil m'a glacée. Je l'ai poussé à ce geste de désespoir.
GYGES
Tu te trompes.
(Il la prend par les épaules; la Reine continue à regarder le Roi).
Je me suis échappé de vive force J'ai voulu voir ma victime en face ; j'ai voulu me regarderen face.
(Plein feux sur le groupe; des esclaves recouvrent le Roi d'un linceul et le tirent discrètement. Fanfares de style Mouret.)
GYGES
Il a peu résisté. Il est tombé très vite.
(On emmène le Roi)
TYDO
Adieu, prêtre...
GYGES
Mon Roi, je tâcherai d'être digne de toi.

SCENE V -LES MEMES, FORCENE, FOULE
Des rumeurs de foule se font entendre et s'amplifient. "Le Roi est mort!" Youyous "Gygès l'a tué!" La Reine écoute. Bruits de pierres lancées.
TYDO
(tenant les poignets de Gygès)
Nos mains ne tremblent pas.
(Un forcené surgit, l'épée à la main. La Reine s'interpose vivement. Sacré ! Maudit si tu le touches!
LE FORCENE
(souffle court)
Ils te tueront, Gygès!
(Il sort précipi tamment)
GYGES
(très résolu)
Allons.
(Du fond de la scène s'est avancé un praticable. Gygès et Tydo y prennent place en le contournant. Il se retrouvent, face au public, derrière une tribune. La FOULE envahit le plateau. Gygès paraît. A son côté, la Reine. Des voix crient "CANDAULE") !
GYGES
Peuple!
(Les voix se taisent une à une assez vite.)
Toi qui cherches un recours,
Toi qui demandes un roi,
Toi qui, dans les ténèbres,
Vas criant:
"Où trouver mon garant? Où trouver mon ami ?"
Vois le signe des dieux au-dessus de ma tête.
(Projecteur)
Oui, les dieux, cette nuit, ont tranché, Ils m'ont, cette nuit, investi,
C'est moi que tu attends, ô Peuple,
Invincible et soleil, Gygès, roi de Lydie!
(Le praticable, insensiblement, s'est élevé)
Et ainsi, Lygdiennes, Lygdiens, à pied, à cheval, en voiture, sous la pluie, la grêle, la tempête, partout où votre pied hésitera, partout notre honneur soutiendra votre foi!
(Il écarte les bras, renverse Tydo d'une baffe, tout s'écroule, et un corps de ballet fait son entrée sur un rythme de french-cancan, musique d'Offenbach.)

FIN


NOTES
par Etienne W. METHYPOULOS-ESSIGSTEIN
1 -L'échiquier sera de dimensions convenables.
2 -Ne pas confondre avec Bikini, Atoll de l'Atlantique au large de Madagascar.
3 -Prononcer "zèze"
4 -Fille d'Agénor et soeur de Cadmos. Enlevée par Zeus, métamorphosée en taureau.
5 -Fils du fleuve Céphise. Il s'éprit de sa propre image.
6 -Surnom d'Aphrodite, honorée à Cythère.
7 -Voir note 8
8 -Voir note 7
9 -Le cri du chien blessé est exactement: Ouaouh-hihiou ouawwhi
10- Poil aux côtes.
11- Ils fredonnent l'air bien connu de Gounod, sij'ai bon ne mémoire.
12- Sans "s"
13- Vous remarquerez l'alex andrin.
14- Voir note suivant la précédente ; sinon, voir N. 7
15- Shankar.
16- Gygès engendra Gèsgy, qui engendra Kallikhoron, qui en gendra Ongkalé, qui engendra Skulla, qui engendra Aguigui, qui engendra Chréarpax, qui resta vierge.
17- Fils de Gazoklès, fils de Zoklès, fils de Klès, fils de Bithopoulos.
18- Phalos ou Pharos, fils de vingt-deux chasseurs d'Arménie, plus connu sous le nom d'Amétapopérépipantos.
19- Fils de Moulouk, fils d'Epithète, qui engendra Moulouk, lui-même fils de lui-même.
20- A ne pas confondre avec Harakrès, fils d'Arakrès (sans "H")
21- Ceci est extrêmement comique.
22- Ceci s'appelle un mot de caractère.
23- Etoffes précieuses.
24- Orthographe encore en usage sur les stèles tombales du Vlè. av. J.C.
25- Notez la prodigieuse richesse d'invention phonético-sémantique.
26- S'il était bouc, ce serait un bouc lié.
27- Amys : pot de chambre. Erébinthe : gland
28- Râ
29- Ce passage ne nécessite aucune note particulière.
30- De "amphibos", "ambigu", et "logos", "discours"
31- Une transposition du texte primitif a été bien sûr indispensable.
32- A jugulaire téléscopique (fouilles d'Omphalos, 1970)
33- On ne pouvait évidemment pas parler, à l'époque, du 14 juillet.
34- Notez l'à-propos de la rime.
35- A l'Est de Bitônios, en Arcadie.
36- Celle ci est indépendante, elliptique et interrogative.
37- Le sous-entendu pédérastique nous semble évident.
38- Voir note précédente.
39- Le texte est peu sûr. Certains manuscrits, au lieu de "Mysie", portent "Mysie".
40- Fils de Névropathos, et descendant en ligne directe de l'Etoile Nord-Orientale.
43- Le M.L.Phi ne possédait aucun bureau à Sardes.
44- Ca me rappelle quelque chose.
45- De cheval.
46- Un vrai teuil peut aussi faire l'affaire.
47- A boudin
48- C'est là qu'il faut rire.
49- Proverbe chinois ou vendéen.
50- La partie du corps à garder semblera évidente à l'acteur (à l'actrice également d'ailleurs.)
5]- Voir note 44
52- Mieux encore: "Saviez -vous" !
53- Il n'y pas de note 53 dans le texte.