L'Art dégueu

Soyons clair et net et sans bavure : le CAPC de Bordeaux présente de prétendues oeuvres "otiques n'ayant en commun avec l'art que la proximité qui relie ma chemise à mon cul.

Je vous le dis en vérité comme un vulgaire Coffe, c'est de la merde. Et je ne le répéterai jamais assez: c'est de la merde, C'est de la merde,- C'est de la merde.

On nous présente un art soi-disant contemporain, alors que ça fait soixante ans qu'on nous bassine avec les mêmes excréments paraît-il révolutionnaires et qui sont à la révolution ce que sont les goulags à l'idéal socialiste. Ce qui n'était ce qui n'aurait dû subsister que comme un joyeux canular est à présent institutionnalisé pour la plus grande joie des spéculateurs bourgeois, qui ne maintiennent artificiellement la valeur de ces sous-merdes que pour ne pas perdre leurs investissements

C'est devenu de la culture soutenu par les snobs pleins de fric. C'est devenu aussi puissant aussi monstrueusement inexpugnable que les Salons sous Napoléon III, lorsque les impressionnistes relégués dans un contre-salon ils excitaient que les sarcasmes. Il faut enfin démolir la forteresse de l'amateurisme, du tape-à-l'oeil et du manque de conscience professionnelle.

Il n'y a là que des gadgets, des négations de potache : trois panneaux peints sur lesquels s'étale la proclammation : "ici on vend du vend". Les rayures de l'ineffable Biron devant lesquels j'ai entendu s'exclamer : De toute façon avec Buren c'est la déception absolue". Plus : une rangée de lits d'hôpital. Certes, cela ferait un excellent décor pour une pièce de Brecht ou un film sinistre. Mais un décor est au service, d'une oeuvre,, dune pensée. ici, c'est au service de, "ce que vous voudrez ". Vide comme une auberge espagnole… et qu'on ne me parle pas de liberté.

Des étalages de meubles et de vêtements défraîchis sous des vitrines, ou la banalité érigée en art. S'il est vrai que tout mérite un coup d'oeil artistique, n'importe quoi pouvant être promu au rang d'oeuvre d'art, eh bien soit, nous avons compris, mais pourquoi, modernistes de mes couilles, exposez-vous toujours les mêmes choses depuis cinquante ans et plus ?

"Nous ne pouvons pas définir ce qu'est l'art", dites-vous? Bien sûr : nous ne pouvons pas définir davantage l'amour, ni même l'électricité (demandez aux physiciens !) - et pourtant, nous 'continuons à faire l'un et à nous servir de l'autre. Qu'est-ce qu'on est con !

Où sont donc passés le sérieux dans le travail, le sens de l'émotion et de la beauté ? Et mes Pol-Pot de la peinture me rétorquent : "Y a plus de travail !" "Travail-Famille-Patrie" ! "Y a plus de beauté ! Y a plus de sentiments" - oui, cent fois oui : l'on a mis sous ces vocables des réalisations aussi douteuses que les portraits de chiens de Monsieur Rose et les biches aux bois des calendriers des postes.

Mais qu'est-ce qui n'a pas été sali par Pétain et la connerie ? On nous dira : "L'extrême droite n'aime pas ce que nous faisons, or vous n'aimez pas ce que nous faisons, donc vous êtes d'extrême droite ! " Voyez le sophisme ! A ce compte, Le Pen a un cul, or il est d'extrême droite : j'ai u cul, donc Se suis d'extrême droite ! Petits rigolos !

Je ne vous ai jamais dit que vous étiez de l' "art dégénéré", je vous dit qu'il n'y a même plus d'art du tout ! Le roi est nu ! entendez-vous ? le roi est nu ! et même, il n'y a plus de roi.

On nous dit : "Ces mouvements artistiques font partie de l'histoire, ils ont été étudiés comme des mouvements historiques" - rien ne se modifie comme un livre d'histoire -les staliniens et combien d'autres sont bien là pour nous le rappeler - et nous ferons descendre ces usurpateurs de leurs cimaises prétendument historiques...

On nous dit encore : "L'artiste veut présenter, simplement, les instruments de son travail, afin de mettre à nu l'idée de l'art". Je vais donc me présenter à mon éditeur avec un stylo, une feuille et une reliure, et je vais le prier de m'éditer en grande pompe, et très cher : où est-ce que vous croyez qu'il va m'envoyer, mon éditeur ?

Vous trouvez même des prétendus sculpteurs qui entassent des tas de caillasses. Et de vous dire - je n'invente rien : "Au lieu de sculpter par soustraction, je sculpte par accumulation". 'Tiens ! je vais écrire par soustraction, moi : que des pages blanches ; puis j'irai trouver mon éditeur, et -voir plus haut...

Ce n'est pas "l'art du temps" qui figure là sur ces murs mais l'art qui s'est vendu ; à ce compte-là, virez-moi Van Gogh et Modigliani des musées...

En fait tous ces gens-là ont évacué tout ce qui fait la force et l'appel de l'art : l'émotion. Ca ne leur plait pas, ce mot-là. Il faut rester froid, ne rien ressentir, ne pas être dupe, surtout, ne pas être dupe ! pour faire "moderne" ! encore une fois, l'avant-garde de grand-papa. Il ne faut pas que les oeuvres puissent dégager autre chose que l'ennui le plus pesant, l'indifférence, le ricanement blasé !

Et pendant ce temps-là, des artistes, des vrais, qui ont le sens de l'effort, qui voient plus loin que le coup d'éclat stérile de l'éjaculation précoce, crèvent la dalle et se shootent au Prozac au milieu de leurs tableaux que personne ne veut, refusés de partout sous prétexte qu'ils respectent la forme, la ligne, la couleur - sous prétexte qu'ils sont, horreur ! figuratifs!

Bacon, classé comme "moderne, bien que figuratif" ! Ah, vous regrettez bien, bande de fachos, de ne pas pouvoir l'éliminer, celui-là. Il ne rentre pas dans les cadres, celui-là...

Il s'est fatigué, Bacon, et plein d'autres, les Di Maccio, les Mazilu, les Lamy, les Matthâuer. La fatigue est d'extrême droite, sans doute ? Bande de boursicoteurs ! ... Parce qu'ils éprouvent et tentent de transmettre une émotion devant un corps, un ciel, un paquet de tripes ? L'émotion, c'est aussi d'extrême droite ? La foi en quoi que ce soit, c'est d'extrême droite ? L'Homme, c'est d'extrême droite, bande de pousseurs de merde ?

Voilà cinquante ans qu'on nous expose des poubelles, des tampax, des carrés de pollen de noyer - quelle audace ! - des affiches déchirées, des machins qui font clic-clic en anglais dans un écran de télévision ?

Messieurs les Contestataires mais qui redeviennent vite des Hârtistes, attention, dès qu'il s'agit de passer à la caisse ! et de la considération s'il vous plaît ! il faut voir avec quelle morgue ils considèrent tous ceux qui ne les admirent pas ! Va chier, pauvre bourgeois ! Fais-toi enculer, mais n'oublie pas ton portefeuille !

Si tout le monde restait chez soi - au lieu de hanter ces vastes espaces où s'étale la sottise prétentieuse, eh bien ! nos pseudo-philosophes remballeraient leurs exercices de gribouillages et resteraient aussi chez eux. C'est en raison des fameuses lois du marché que les Beaux-Arts sont devenus un salon du bricolage cradingue, où il est impossible, où il serait même déshonorant de voir un cours de technique du dessin ou de la peinture, ou même un cours de modèle vivant !

Plus de sculpture, plus de moulage ! allez apprendre ces vieilleries chez les petits vieux, payez-vous des cours privés ! de toute façon, payez... Votre inscription aux Beaux-Arts, par exemple ; et sachez qu'aux Beaux-Arts, on apprend d'abord et avant tout que l'art, c'est bourgeois, c'est fini, avant de l'avoir appris ; à tout saloper, avant de savoir tenir un crayon, que dis-je - avec interdiction de savoir tenir un crayon.

Quant à ceux qui mènent voir en groupes aux enfants les grandes salles Dieu merci désertes du CAPC aux entrepôts Laîné, pour leur montrer "ce que c'est que l'art aujourd'hui-, ou "à quelles impasses conduit en art l'invasion de la rhétorique et de la mauvaise philosophie", je répondrai qu'il serait on ne peut plus dangereux d'amener une classe voir un défilé nazi pour lui montrer à quelles aberrations mènent certains courants de pensée pour le cas bel et bien dégénérée... Dangereux, car certains peuvent s'imaginer - dans l'état d'ignorance et d'inculture où est désormais parvenue la majorité de la jeunesse française - qu'il n' y a que cela comme modèle. Mais montrez-leur des Rembrandt, des Van Gogh, des Egon Schiele, puis les merdes du CAPC, si vous voulez, mais en spécifiant bien que ce sont des merdes, qui se sont toutes entrencensées et poussées du coude pour usurper les cimaises que d'autres noms, bien plus glorieux, devraient recouvrir...

... Quand les peintres du XVIe s. peignaient, ils ne le faisaient pas pour être "des peintres du XVI e s ! C'était bien là le dernier de leurs soucis ! Or aujourd'hui, on peint pour être "du XXe s. " ! comme si le modernisme se décrétait par ceux qui le décident ! il faut être contestataire de façon conforme, coco ! Qu'est-ce que c'est que ces notions débiles de "peinture", d' "art" d'époque ? il faudrait peut-être raser nos cathédrales parce qu'elles ne sont plus à la mode ? Bande de Pol-Pot !

L'art n'a pas à se soucier de modernisme ou de "progrès", il doit viser l'éternel, avec honnêteté. Encore des notions dont il faut se méfier ? Ben voyons ! L'art, sachez-le, ne conquiert pas chronologiquement, il conquiert spatialement. Dali, Schiele, Modigliani, ne sont pas "modernes" : ils ont rejoint l'éternel par une autre route. Et si l'art, si l'éternel n'existent pas, 0. K. ! mais alors n'en faites pas commerce, bande de capitalistes pourris.

Qui voulez passer pour des révolutionnaires ! en réalité, tant que vous faites vos saloperies vite torchées, sans âme et sans conscience, même pas professionnelles, au mépris de toute technique, de toute connaissance, pour flatter le peuple, pour lui prouver que tout un chacun peut devenir artiste, ce qui est faux, et vous le savez très bien, vous exposez des productions d'enfants, qui ne se débrouillent pas si mal, les pauvres endoctrinés - soixante années pour démontrer qu'un adulte peut très bien réussir à être aussi rudimentaire qu'un enfant - crime de lèse-jeunesse de ma part ! cracher sur la jeunesse ! - mais vous ne le payez pas, le gosse ; vous lui faites sans doute croire qu'il a encore des "progrès" à faire ! - eh bien pendant ce temps-là, vous ne dérangez surtout pas l'ordre établi, et les Présidents de la République peuvent vous rendre visite. L'Etat et. les marchands se sont tellement trompés - ils ont laissé crever Van Gogh, ils ont laissé crever Modigliani -que maintenant, n'importe quel excrément trouve preneur.

Pendant que vous faites vos conneries, allez, vous ne dérangez personne - "sauf vous Monsieur" - ah, ces gens-là ne sont jamais à court d'arguments, ce sont les rois du bla-bla, des philosophes de première bourre, vachement pervers - à la niche, les chiens du baratin !

Dans un cirque, ce n'est pas en se mettant le doigt dans le cul et en expliquant que c'est un numéro de haute voltige qu'on va se faire ovationner ! On ne triche pas, au cirque, bande de clowns !

Vous nous débitez les mêmes conneries depuis cinquante ans - puisque vous n'êtes sensibles qu'à des arguments idiots - et vous faites peser sur nous la chape de plomb, du plus épais des conformismes pompier.

Nous avons vu tomber le mur de Berlin et les régimes museleurs de l'Est : quand tombera enfin le mur de la connerie prétendument artistique ? quand j'aurai quatre-vingt dix ans ? Comme pour ces pépés et mémés de Moscou qui n'ont connu que le régime de l'exclusion et de l'embrigadement ?

Or, courage. Les signes avant-coureurs se multiplient. Il n'y a pas de livre d'or - car je n'aurais pas été le seul à leur coller une reproduction de n'importe quelle oeuvre de ce passé qui n'est plus à la mode, et j'aurais écrit :

"Allez vous rhabiller, allez vite vous cacher, bande d'ignares, fumistes fachos".

Fermez vos gueules, les gars, v'là l'Etat qui passe avec ses subventions. Et v'là l'bourgeois prêt à acheter ma poubelle sous cellophane, je vais pouvoir changer ma BMW.

HARDT VANDEKEEN